Une école de photographie à la base
L’Ecole de photographie et de techniques visuelles Agnès Varda est une école de Promotion sociale de la Ville de Bruxelles ancrée à Laeken, rue Claessens, dont le projet s’inscrit dans une tradition très ancienne d’excellence technique et de promotion sociale. Son enseignement entre donc dans le cadre des formations tout au long de la vie et s’adresse à un public adulte souhaitant parfaire ses formations.
Elle est la seule école de promotion sociale dans son environnement et dans ses domaines d’enseignement.
La section photographie compte chaque année plus ou moins 160 étudiants qui suivent le cursus complet.
Depuis ses débuts, l’école se distingue des autres établissements d’enseignement de la photographie par le caractère pratique de ses formations et par ses exigences de maîtrise technique.
Elle est le seul établissement de promotion sociale à organiser la section complète de Photographe et de Vidéaste et la seule à offrir, dans toutes les formations qu’elle organise, un niveau réellement professionnel sanctionné par un certificat de qualification de niveau secondaire supérieur.
Sa structure modulaire lui permet non seulement de former des photographes professionnels possédant une grande maîtrise technique mais aussi d’inscrire des étudiants déjà diplômés d’autres écoles de photographie, en manque de maîtrise pratique et des professionnels désireux de mettre leurs connaissances à jour.
Cette formation peut aussi constituer un titre d’appoint non négligeable pour tout détenteur de diplômes de l’enseignement supérieur dans des domaines où la photographie constitue un outil ou un moyen de communication précieux : designers, architectes, journalistes, etc.
Parallèlement, les formations courtes, constituant chacune un module de quelques semaines, répondent à des besoins de formation plus spécifiques et sont sanctionnées par une attestation de réussite reconnue également par la Communauté Française.
Cet enseignement auquel nos étudiants adhèrent concrétise le choix politique d’une société soucieuse d’augmenter la qualification face aux évolutions du travail, de réduire les inégalités face à l’emploi , de placer l’individu dans une perpective personnelle, citoyenne et sociale.
Nos étudiants concilient avec rigueur une vie professionnelle, familiale, sociale et scolaire afin de faire de cette dernière le levier qui leur permettra d’exercer leur passion, leur métier .
Durant les trois années d’études, l’école leur montre la voie vers une plus grande capacité d’autonomie dans leur travail.
Celle-ci leur est nécessaire car le créateur d’images et le technicien polyvalent qu’ils sont ne peut se concevoir hors du contexte socio – culturel dans lequel il s’inscrit ni ignorer le développement fulgurant de la société de la communication et de l’information.
La modification du marché de l’image et l’évolution radicale des techniques installent désormais le photographe et le vidéaste dans une dynamique de diversification et de spécialisation.
Cette diversification s’opère également dans notre enseignement qui, baigné dans le tissu socio-économique n’échappe pas à cette même règle de l’offre et la demande .
A l’heure où les techniques nouvelles demandent une expertise de plus en grande du métier, les meilleurs choix s’imposent, dans le seul but de servir … l’image elle-même.
La révolution numérique, les nouveaux supports de création et de diffusion inscrivent la photographie dans des perspectives inimaginables hier encore. Sur la toile, la consommation des images via les réseaux sociaux apportent une fonction nouvelle à l’image qui devient conversationnelle tandis que la globalisation de son utilisation rend son impact incontrôlable.
Du daguerréotype au smartphone, l’appareil photo est désormais partie intégrante de notre bureau mobile. Photographier est un geste quotidien et transmettre un fichier à des tiers aussi. L’appareil photographique est aujourd’hui en majorité un téléphone mobile.
Ces nouveaux usages mis en place effacent graduellement les frontières entre l’information, la publicité et la création artistique, ou les logiques industrielles et économiques qui mélangent les productions des amateurs et des professionnels…
Les festivals de production vidéographique et les expositions de photographies se multiplient partout dans le monde mais s’inscrivent trop souvent comme des lieux de rencontres entre professionnels, le public étant souvent mis à l’écart ou admis comme simple spectateur.
Pourtant plus de décryptage l’aiderait non seulement à décoder les images mais l’armerait aussi contre la manipulation par celles-ci.
Omniprésentes dans notre société, les images se téléscopent sans que nous ayons pris le temps de bien les comprendre… et l’analphabète de demain sera celui qui ne sait lire les images que la société porte à son regard.
Ne laissons pas le lecteur d’images se faire happer par le sensationnel, aidons-le à adopter une distance intérieure.
Comme un tsumnami, les questions relatives à la signification visuelle et émotionnelle de la photographie en soulèvent bien d’autres : Quel sens donner à la photographie contemporaine ? Quels sont les trajets entre un auteur, un artiste et son public ? Quelle limite à la démocratisation de l’image ? Comment légiférer les retouches par les logiciels comme Photoshop ou la manipulation de l’image ? en sont quelques unes que nous laissons à la réflexion …
Il a semblé évident que notre école se devait d’intégrer à son enseignement ces nouveaux paramètres afin de rester pertinente dans son offre. C’est pourquoi, d’une part, nous proposons à nos étudiants, depuis quelques années, une formation pointue aux logiciels de retouches numériques, à l’impression via imprimante, à la manipulation des nouveaux appareils et une sensibilisation constante aux avancées technologiques dans ce domaine et d’autre part , tout en continuant l’enseignement de techniques plus traditionnelles, nous invitons les étudiants à une réflexivité sur la production d’images en générale et à une conscientisation toujours croissante de la démarche qui leur est propre. Cela dans l’espoir de leur donner les clefs essentielles à leur réalisation en tant que professionnel et à leur capacité à décoder les images qui nous entourent dans un monde visuel en perpétuelle accélération.
Notre école aura donc rempli ses objectifs en donnant les moyens à tous de s’accomplir dans l’activité choisie mais aussi en offrant un espace de réflexion et de décryptage de ce monde où l’image technique semble avoir pris le pouvoir.
Nonobstant l’évolution grandissante de formations axées sur la prise de vue et le traitement de l’image numérique, notre école garde son excellence dans l’enseignement de la photographie argentique, fondement de l’art de la photographie .
Si celle-ci est devenue minoritaire, elle n’est pas moribonde pour autant car ne faut-il pas connaître nos origines et ses repères afin de déterminer notre direction ?
La diversification envisagée dans notre école concerne également l’offre d’enseignement telle la formation de vidéaste, qui avec l’arrivée du numérique et la haute définition a également vu ses techniques se diversifier et son enseignement se spécialiser.
Les fabricants entretiennent la confusion des genres mais cela génère de nouvelles approches artistiques et casse les codes. Il n’y a pas longtemps, nous avions le choix entre photo et vidéo. Le numérique arrivant, la vidéo a fusionné avec la photo dans un seul outil rendant la situation heureuse pour l’utilisateur qui a désormais à sa portée deux techniques performantes de captures d’images dans un seul appareil mais perturbante car que choisir si l’on veut bien faire une chose précise ?
La multiplication des utilisateurs ouvre ainsi de nouvelles portes et permet d’explorer de nouvelles pistes tant sur l’aspect esthétique que technique.
Ainsi on a vu , grâce aux outils liés à la photographie, apparaître et se démocratiser des techniques nouvelles presqu’à la portée de tout un chacun .
Mais rassurons-nous, car si l’accès à la photographie est de plus en plus facilité, cela ne fait pas pour autant exploser le nombre de photographes passionnés qui vont tout mettre en œuvre pour réaliser une photo ayant une âme et s’inscrivant dans un style qu’ils auront développé. L’effet de masse n’a fait que faire exploser le nombre d’utilisateurs occasionnels.
Depuis 2010, très logiquement, une section vidéaste de quinze modules s’étalant sur trois années est donc venue étoffer l’offre de formation dans le domaine des techniques visuelles. Dès sa première organisation, le succès était au rendez-vous , preuve d’une attente dans le métier de l’audiovisuel.
Chaque année, environ une centaine d’étudiants répartis sur 3 années sont inscrits et suivent les cours de cette nouvelle section.
Cette formation unique en Belgique , élaborée par notre école répond à une demande du milieu professionnel de l’audio-visuel à la recherche de techniciens polyvalents ayant une « connaissance générale » de l’ensemble des métiers dans le domaine .
Nos étudiants sont donc formés à créer des réalisations audiovisuelles, sur la base de prises de vues d’images fixes et vidéo et de prises de sons, dans des domaines aussi divers que le film de fiction, le film documentaire, le film d’entreprise, le spot publicitaire, le clip musical, pour des entreprises de relations publiques ou à caractère privé, dans les domaines commerciaux ou artistiques.
Ils effectuent toutes les opérations de traitement des images et des sons, permettant la diffusion et la projection d’œuvres vidéographiques (montage image et mixage son, compression internet) en les adaptant à l’évolution des techniques, du style, du matériel et aux exigences des structures de production.
Une école où s’organise le complément CESS
Devant le nombre d’étudiants, à Bruxelles, en possession d’un certificat de qualification mais bloqués dans leur parcours professionnel ou d’étudiant par l’absence du CESS, l’école s’est inscrite dans une nouvelle démarche pédagogique afin de compléter leur formation par une gestion responsable et autonome des disciplines composant les unités de formations de ladite section.
Depuis quatre années l’école organise le complément CESS ( un groupe d’environ 20 étudiants) subsidié par des périodes Cabinet ( public infra scolarisé de la région de Bruxelles-Capitale) et le Fonds social européen.
Depuis cette année scolaire 2014/2015- trois groupes ( 55 étudiants) sont organisés grâce à l’augmentation de la dotation cabinet et la subvention d’une organisation par Bruxelles – Formation.
Un véritable projet d’éducation responsable s’est construit sur les bases mêmes de la nature du profil des étudiants au parcours scolaire chaotique et souvent mal vécu, au milieu socio – économique défavorisé ou soutenant peu leur parcours individuel, à leur désorientation et à leur manque d’efficacité dans leurs apprentissages et même au développement chez certains d’une forme de résistance passive aux enseignements scolaires.
Face à cette problématique de départ, il a paru important pour l’école de faire vivre à ces étudiants une expérience positive et stimulante dès leur rentrée académique en les immergeant pendant deux jours dans un lieu propice à la réflexion, au dialogue, au partage afin de leur permettre de rompre avec un passé scolaire souvent vécu comme douloureux, de prendre conscience de leurs potentialités et des apports du CESS pour leur projet socio – professionnel, de leur faire découvrir une approche pédagogique destinée aux adultes et centrée sur une dynamique de travail individuel et collectif et enfin de favoriser leur engagement dans la formation proposée.
Complémentairement, l’école a tenu à appliquer une pédagogie dans laquelle l’étudiant est au centre de son apprentissage avec une volonté de cohésion du groupe classe et un travail profond pour augmenter le sentiment d’efficacité personnelle, l’autonomie et l’estime de soi.
Cette pédagogie nécessite un travail collaboratif des enseignants tel que le permet le référentiel actuel, parce qu’il se focalise sur une analyse littéraire, citoyenne, économique et scientifique de thématiques contemporaines en ligne avec la préoccupation des étudiants. Ces thématiques et la façon de les aborder permettent de développer la réflexion, de mûrir le projet socio – professionnel de l’étudiant qui, nous rappelons-le , vient en promotion sociale pour évoluer dans le marché du travail ou reprendre des études.
Le référentiel actuel, dans sa définition, prépare au mieux à une reprise d’études dans les sciences sociales par exemple, permettant une analyse scientifique véritable sur des corpus de connaissances communes ou complémentaires aux autres disciplines du CESS ; ce qui permet de maintenir le travail collaboratif enseignant et force les étudiants à faire des liens entre les différentes approches.
Qu’en sera-t-il de cette pédagogie face au nouveau référentiel qui se veut pour certains un calque fidèle des compétences développées dans l’enseignement de plein exercice ?
Afin de mesurer l’impact de la section, un suivi informel de nos étudiants se fait après leur formation.
Elle vient compléter pour certains qui veulent être indépendants, la formation de photographe ou de vidéastes ou tout simplement est destinée à tout adulte voulant orienter sa carrière dans ce sens. Elle permet très facilement d’obtenir le diplôme permettant de se mettre à son compte ou de gérer l’aspect financier d’une société.