Filmant le corps inerte sous tous ses angles et s’approchant au plus près de la chair, elle utilise sa caméra sans voyeurisme mais plutôt avec une curiosité toute factuelle, mêlée d’une fascination pour cette sublime mécanique désormais arrêtée et que l’on prépare pour son dernier voyage.
Cette fascination, la réalisatrice nous la transmet également par le regard qu’elle pose sur le personnage de la soignante. Méticuleuse dans ses gestes, cette dernière reconstitue le vivant et ressuscite l’apparence de l’homme défunt. Le travail de ses mains expertes, capté par la caméra, est aussi hypnotisant pour nous qu’il est routinier pour elle, méthodique, automatique même, lui permettant de vaquer à ses occupations téléphoniques et ajoutant une dimension presque surréaliste à la scène. En quelques minutes, elle métamorphose subtilement le corps inerte, le vidant, le nettoyant puis l’habillant, à mi-chemin entre poupée et mannequin. Muette, sans artifices musicaux, la réalisatrice et sa caméra absorbent chaque instant, chaque bruit, chaque son qui résonnent d’autant plus fort lorsqu’ils traversent les muscles, lorsqu’ils nous renvoient à notre état le plus brut, celui de la chair. Un premier film fascinant. »